LIRE ANDRÉ MOREAU
Par Claude Saint-Jarre
Par Claude Saint-Jarre
En 1986, un ami qui avait étudié en philosophie avec André Moreau, à l’Université, me recommande d’assister à une des conférences de celui-ci, dans son salon. J’y suis allé et j’en suis revenu enchanté par son érudition, sa profondeur, son enthousiasme, son énergie et son humour.
Une amitié durable s’est développée, basée sur un amour commun de la pensée , de l’intelligence et d’un futur beau. Il avait en effet, lors d’une autre conférence, cité Luis Alberto Machado, auteur du livre Le droit à l’intelligence. Je connaissais monsieur Machado parce qu’en tant qu’animateur bénévole d’une émission de radio communautaire sur le «futur positif», et qu’en tant que traducteur et signataire d’un manifeste international sur la transition de l’ère industrielle à une nouvelle ère à définir, j’avais été invité à assister à une… merveilleuse conférence, en 1985, sur le futur de l’éducation, à Tarrytown, New York. Luis Alberto Machado avait alors relaté en entrevue la création et le fonctionnement du «Ministère pour le développement de l’intelligence humaine», au Vénézuéla. Machado écrit cette phrase pour le moins surprenante dans ce livre, page 34 : «Le génie n’est pas un surhomme. C’est un homme normal, et ce sont les autres qui sont au–dessous de la normale. Nous avons la vocation à aller jusque là où le génie est arrivé. Et dans le futur encore plus soin. Ce qui est aujourd’hui une exception sera demain une règle. Ce qui est naturel c’est l’intelligence, et c’est la bêtise qu’il conviendrait plutôt d’expliquer.»
Suite à cette conférence, je lui avais téléphoné, pour lui « suggérer» de créer lui aussi un Ministère Québécois pour le développement de l’intelligence humaine. Il a réagi en m’invitant à venir en parler à une nuit sur la poésie à la télévision communautaire de Saint-Hyacinthe.
Ce Ministère n’a toujours pas été créé, pas plus que «sa» proposition d’un «Ministère du Bonheur», l’«antipolitique» a pris le dessus… et notre amitié se maintient!
Je m’intéresse à la joie, j’aime la joie, grâce surtout à l’influence de mon père qui la valorisait de toutes sortes de façons et qui avait un don de l’émerveillement. Pourquoi la philosophie ne s’est-elle à peu près pas intéressée à la joie? Vous voulez peut-être, comme moi, une «Cité de la joie», mais pourquoi pas, tout simplement, dans l’esprit de mai 68, être réaliste et demander l’impossible : «un programme pour un nouvel univers », selon l’expression d’André Moreau?
Ce philosophe local s’est intéressé de près et «en masse» à une métaphysique de la joie, au service du goût de soi, avec un talent unique et original, dans l’histoire de la philosophie mondiale.
Les deux tiers de ses écrits sont publiés. Il y a déjà beaucoup de pain sur la planche pour les lire, les comprendre, les appliquer. Nous pouvons continuer son défrichage de pionnier. Il donne quelques exemples : entre autres, il y a à développer, une «phénoménologie de la lumière», une «épistémologie de l’infini», une «épistémologie de la fusion», une « science de l’infini».
Depuis quarante ans qu’il a une vie publique, tout le monde sait qu’André Moreau est comique, que c’est un penseur, un écrivain, un philosophe souriant, un amoureux, un sexolologue, un conférencier hors du commun – c’est le cas de le dire – possédant un riche vocabulaire, qui a déjà fait deux marathons de 24 heures chacun : un sur le sujet de l’immatérialisme et un sur le jovialisme; c’est aussi un génie, un critique des institutions, un iconoclaste, un jouisseur. Peu savent qu’il est un milliardaire de l’Être, un poète, un romancier, un haltérophile, un prospecteur de l’invisible, un éveilleur de potentiels, un conquérant de l’Absolu, un praticien de la pensée et un mystique transparent. Pour le savoir, il ne s’agit que de le lire!…
À ceux qui le prennent pour un clown, je propose quelques citations, pour les détromper un peu: «Aie l’infini dans la tête et va à la fête»; «Ne t’étonne de rien, c’est toi qui est étonnant»; «L’infini étant central partout, (Villiers de l’Isle-Adam) là où je me pense en tant qu’infini, je suis l’infini qui se pense»; «Ce qu’on ne sait pas, c’est que la conscience est une lumière prêtée à la personne par l’esprit qui pense l’être»; «L’autoconstitution intussuceptive de mon être m’oblige à reconnaître que j’ai en moi un force qui, tout en étant moi-même est plus grande que moi, de sorte qu’en m’examinant dans ce que je suis, il me faut me considérer dans ce que j’ai à être pour que mon avenir, où je précède, me mette au monde.» Finalement, celle-ci : «L’Immatérialisme enseigne le gouvernement du réel en vertu du pouvoir êtrique que confère l’auto-investiture divine au sujet pensant dématérialisé.» À lui seul, le vocabulaire employé ouvre des champs de prospection de l’or de l’esprit. J’ai extrait ces citations des livres suivants : Le plaisir est sagesse, L’énergie divine, et du : Grand Traité sur l’immatérialisme, tome IV Conscience jaillissante et synthèse productive. (1998) et la dernière, du même Traité, tome 2, Schématisme et dématérialisation.
Il se définit entre autre comme l’«homme des délices». Il nous voit comme des «lumières pensantes» et des «êtres-pour-la-fête». N’est-ce pas mieux qu’être des pécheurs empreints d’une tache originelle? Au nom de la grandeur qu’il voit en lui et en nous, il veut nous élever à être des dieux, pour peu que nous l’acceptions. Il en tient donc à chacun de nous, de nous donner un être par auto-investiture divine, car personne ne peut le faire à notre place. L’éternité pour soi est à conquérir par soi.
Pourquoi ne pas lire son œuvre? Pourquoi ne pas s’enrichir de sa différence? Je vous y invite, prenez des notes… et philosophons, en étant des Christ qui veulent le meilleur sans le pire grâce au jugement réhabilité!
J’ai moi-même décidé de faire un index analytique de l’œuvre publiée pour identifier par ordre alphabétique et par livre, les idées, les thèmes, les propositions comiques, les propositions philosophiques, les perles littéraires, les considérations sur l’écriture ou les méthodes littéraires, les auteurs cités et examinés. Cet index pourra servir à ceux et celles d’aujourd’hui et des générations futures qui feront de la recherche-action en vue de l’Eupraxia/globalindividuation…
J’ai aussi décidé il y a quelques années, de bénir, outre mon succès et bonheur individuels, ceux de l’Humanité, dans un Univers Jovial.