Petit lexique du jovialisme

Ange : Transparence animée d’une pensée, manifestée comme une lumière consciente. Loin d’une figure surnaturelle, l’ange incarne la pureté de la conscience libérée des illusions matérialistes. Inspiré par l’immatérialisme de Berkeley, Moreau voit l’ange comme l’expression de notre capacité à penser l’infini dans le présent, une étincelle joyeuse accessible à tous.

Autoégocratique : Qualifie ce qui se suffit à lui-même, se dirige et s’invente par sa propre dynamique interne. Ce terme illustre l’autonomie radicale du jovialisme, où l’individu devient son propre souverain, affranchi des autorités extérieures. En écho à l’individualisme anarchique de Stirner, admiré par Moreau pour son rejet des institutions, l’autoégocratie est une célébration festive de l’autosuffisance.

Auto-investiture divine : Acte par lequel l’individu se reconnaît comme divin, assumant sa part d’éternité. Rejetant la transcendance religieuse, Moreau s’inspire de l’immanentisme pour affirmer que chacun peut se consacrer comme un dieu vivant. Contrairement à l’Übermensch de Nietzsche, qui exige une lutte, l’auto-investiture est une affirmation joyeuse et immédiate, ouverte à tous.

Aventure intégrale : Automouvement de l’être s’exprimant dans chaque détail de l’existence. Loin des exploits héroïques ou des gloires mondaines, elle désigne l’élan de la poussée êtrique, une audace absolue inscrite dans le quotidien. Par opposition à l’angoisse existentielle de Sartre, Moreau présente l’aventure intégrale comme une danse joyeuse avec l’éternité, accessible à chacun.

Bachiques : Relatif à Bacchus, dieu romain du vin et des fêtes, évoquant une exubérance festive. Influencé par le dionysiaque de Nietzsche, Moreau transforme cet élan en une métaphysique de la fête, où la jouissance du présent devient une affirmation ontologique, un cri de vie transcendant le tragique nietzschéen.

Connaturalité : Faculté de connaître les choses de l’intérieur, par un investissement êtrique unissant le sujet à l’essence de l’objet. Dépassant la phénoménologie husserlienne, critiquée par Moreau pour son intellectualisme, la connaturalité est une communion joyeuse avec le réel, un «dedans de tous les dehors» accessible à tous.

Émotivité : Réaction mentale d’une personne s’identifiant à son corps, se percevant comme limitée et vulnérable, ce qui engendre un réflexe défensif. Moreau juge ce réflexe superflu: dans la confiance jovialiste, nul besoin de se défendre, car l’être est absolu. Contrairement à l’éthique de l’Autre de Levinas, qu’il critique, il prône une confiance ontologique dissolvant la peur.

Eupraxia : Mouvement autonome de l’être vers sa plénitude, guidé par la joie et l’auto-constitution. Central dans le Schéma Pluridimensionnel, ce terme désigne l’acte de vivre en harmonie avec sa nature infinie. Contrairement à l’eudaimonia aristotélicienne, axée sur la vertu, l’eupraxia est une célébration spontanée de l’être, transformant chaque geste en une affirmation de l’absolu.

Fête : État de jouissance du présent, maintenant l’être dans une célébration continue. Loin d’un simple événement, la fête est une disposition métaphysique. Inspiré par le carpe diem nietzschéen, mais dénué de tragique, Moreau en fait le cœur du jovialisme, où chacun devient un «être-pour-la-fête».

Globalindividuation : Processus par lequel l’individu s’unifie et s’accomplit comme une totalité absolue, intégrant toutes les dimensions de l’être. S’inspirant du monisme de Spinoza, mais débarrassé de sa rigidité, Moreau présente la globalindividuation comme une aventure joyeuse où chacun devient une «lumière pensante». Ce concept invite tous, philosophes ou non, à s’épanouir sans limites.

Immanentisme : Doctrine affirmant que tout – nature, homme, histoire – constitue l’absolu, sans transcendance extérieure. S’appuyant sur le monisme de Spinoza, Moreau radicalise cette idée : l’absolu se vit ici et maintenant, dans la joie de l’auto-investiture divine, rendant l’immanentisme festif et universel.

Intussusceptif : Qualifie un développement autonome, sans apport extérieur. Ce processus illustre l’autoconstitution de l’être, clé de la globalindividuation. Critiquant l’intellectualisme de Ricoeur, Moreau voit l’intussusception comme une croissance joyeuse, accessible à tous par la confiance en soi.

L’Autre : Moi-même perçu avec un coefficient d’étrangeté, mais dans lequel je me reconnais. Rejetant la vision de Levinas, où l’Autre est extérieur, Moreau le redéfinit comme une facette de soi, unifiant l’être dans une réconciliation festive.

Lumière pensante : État de la conscience se percevant comme une manifestation lumineuse de l’être. Tiré du Grand Traité sur l’immatérialisme, ce terme reflète l’influence de Berkeley, mais sécularisée : la lumière pensante n’est pas divine au sens théologique, mais une expression de l’individu pensant l’infini. Accessible à tous, elle symbolise la clarté joyeuse du jovialisme.

Maladie : Résultat d’un projet existentiel bloqué, causé par un engorgement de la pensée. Citant Thomas Mann («La maladie est esprit»), Moreau attribue à la maladie une fonction thérapeutique spirituelle, permettant de dépasser les limites pour s’illimiter. Contrairement au désespoir kierkegaardien, elle est une opportunité d’éveil jovialiste.

Métanoïa : Transformation profonde de l’être vers sa destinée éternelle, englobant le physique, l’émotif, le mental et le spirituel. Sécularisant la métanoïa chrétienne, Moreau la relie à l’auto-divinisation, une démarche individuelle et festive.

Monisme : Doctrine posant que l’univers forme un tout unique d’une seule substance. S’inspirant de Spinoza et Berkeley, Moreau adopte un monisme immanentiste, rejetant le dualisme cartésien et célébrant l’individu comme une « lumière pensante » intégrée au tout.

Nolonté : Trouble de l’intention où l’individu s’auto-annule par le doute. Unique à Moreau, ce concept critique les hésitations existentielles. Par opposition à la volonté de puissance de Nietzsche, la nolonté est un obstacle surmonté par la confiance jovialiste, restaurant l’élan vers l’infini.

Poussée êtrique : Dynamique fondamentale de l’être, propulsant l’individu après l’acceptation de son éternité. Manifestation de l’incommensurable dans le temporel, elle ajuste le réel à un Cogito éternitaire. En dialogue avec le conatus de Spinoza, Moreau lui donne une dimension festive et individuelle.

Réalité : Ce par quoi la limite justifie le désir d’illimitation. Pour Moreau, la réalité est un terrain de jeu pour l’esprit jovialiste, non une contrainte. Critiquant le réalisme kantien, il la voit comme une opportunité d’auto-investiture divine.

Transgression joyeuse : Acte de dépasser les normes sociales et morales par une affirmation festive de soi. En dialogue avec Nietzsche, Moreau transforme la transgression en un geste de liberté créatrice, brisant les chaînes institutionnelles pour célébrer l’être. Contrairement à la révolte nihiliste, elle est un hymne à la joie, ouvert à tous.

Travail : Alibi pour ceux qui doutent de l’abondance infinie. Moreau rejette le travail comme nécessité, l’opposant à la spontanéité de la fête. En écho à sa critique des institutions, il prône une existence miraculeuse, libérée de l’effort.

Andre moreau, philosophe jovialiste
Andre Moreau